Les glaces des pôles fondent-elles ?

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Un indicateur très concret et très lisible de l’augmentation des températures est la réduction des glaces de la planète. Logique, plus il fait chaud, plus la glace fond. On peut observer cette réduction sur les trois grandes catégories de glace : les glaciers de montagne, les banquises et les calottes polaires, ces deux masses qui recouvrent les terres groenlandaises et antarctiques.

Les glaciers de montagne sont les premiers touchés, et il existe quelque deux siècles de données diverses les concernant, depuis la réduction de leur longueur totale observée par l’homme, jusqu’à des mesures de leur épaisseur obtenues par différentes techniques d’altimétrie. Même si le détail des chiffres peut faire débat pour telle ou telle partie du globe, le verdict s’avère au final sans appel : ces glaciers raccourcissent, en moyenne, de 50 mètres par décennie depuis cent cinquante ans. Et le même chiffre se retrouve à peu près pour les différents continents, accréditant l’idée d’une cause commune et planétaire.  Qui plus est, une accélération d’environ 30% de ces fontes est également observée depuis les années 1990/

La neige ne formant qu’une couverture saisonnière, les données la concernant constituent un sujet un peu différent. Mais on notera que cette couverture, fournie par les stations météo, montre la tendance analogue à celle des glaciers, bien qu’étant plus récente : la surface globale couverte par la neige en hiver décroit depuis des années 1950. Elle est passée de 38 à 35 millions de kilomètres carrés environ.

Quant à la glace des banquises et des calottes  polaires, son évolution n’est suivie que depuis une trentaine d’années. Et pour cause : ces zones sont non seulement très étendues, mais aussi parmi les plus  inhospitalières de la planète. Ce n’est que depuis les débuts de l’ère satellitaire que les scientifiques ont trouvé le moyen de suivre leur évolution. Mais, en  trois décennies, les changements se sont déjà avérés spectaculaires. La banquise arctique estivale a ainsi perdu, entre 1980 et 2006, 7,4% de sa surface par décennie, chiffre réévalué à 11% environ en 2009. Les relevés hivernaux, effectués donc sur des surfaces plus étendues, montrent une diminution moins rapide : quelque 3 % par décennie. D’autre part, la banquise devient de plus en plus fine : une étude de 2009 constate un abaissement de son épaisseur hivernale moyenne de «3,64m en 1980 à 1,89m en 2008 !

Enfin, l’évolution des énormes calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique est plus difficile à suivre avec précision, du fait notamment de leur épaisseur, qui atteint plusieurs kilomètres. L’indicateur le plus facilement mesurable est la surface du Groenland affectée par la fonte estivale : or, celle-ci a augmenté d’environ 30% en trente ans. Par ailleurs, selon les données altimétriques fournies par le satellite Grace, opérationnel depuis 2002, la perte annuelle de masse groenlandaise aurait doublé entre 2002 et 2009. L’Antarctique, lui, ne fond guère car les températures y sont particulièrement basses ; il perd néanmoins de la glace, ses glaciers glissant de plus en plus vite vers la mer. La perte de masse s’y accélère, mais pas de quoi faire disparaitre le continent, mais de quoi influencer très largement l’augmentation du niveau marin ! Avec ce chiffre, l’Antarctique se révèle perdre autant de glace que le Groenland, alors que les glaciologues ont longtemps pensé que seul ce dernier évoluait. La difficulté scientifique est que l’on dispose ici de moins d’une décennie de données ; il est donc très difficile de savoir quelles sont les variations naturelles, et impossibles d’en tirer des conclusions tranchées. Reste que la régression des glaces est avérée aux deux pôles, ainsi que sur les cinq continents.

Article paru dans Science & Vie, par Cécile Bonneau & Yves Sciama. Mars 2010

Publié dans Environnement

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