Le réchauffement de la terre en question

Publié le

 

« Des climatologues accusés de manipuler des données. Une erreur surestimant la fonte des glaces de l’Himalaya dans le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Des polémiques incessantes entre ceux qui se proclament sceptiques et ceux qui se disent réalistes… A l’évidence, le réchauffement, réel ou contesté, de la planète échauffe les esprits. Et dans un tel climat, difficile de garder la tête froide…

Difficile, mais pas impossible. Car toutes les questions sont légitimes et tenter d’y répondre l’est encore plus. A  condition de laisser au vestiaire les préjugés, de prendre comme boussole le doute et comme compas le travail des milliers de scientifiques mobilisés pour décrypter l’évolution du climat. Au-delà des opinions et des convictions, c’est-à ce prix que peut se démêler le vrai de l’illusoire. Et les questions trouver des réponses. Ainsi, la température s’est-elle élevée, oui ou non ? Les glaces fondent-elles ? Et le vivant, le niveau des mers ou les cyclones témoignent-ils d’une quelconque perturbation ? Lever ces interrogations, c’est livrer, de manière impartiale, autant d’indices sur l’état du climat aujourd’hui. Et s’il s’avère qu’un réchauffement de la planète est à l’œuvre, l’homme en est-il le responsable ? Comment le savoir ? Pour y voir clair, notre compréhension de la machinerie climatique est-elle d’ailleurs suffisante ? Et les modèles climatiques assez fiables quand ils sont contraints de simplifier la Terre pour la mettre en équations ? Dès lors, prédire l’évolution du climat est-il seulement à notre portée ? Les lignes qui suivent apportent une partie des réponses !

A/ La Température s’est-elle élevée ?   ( OUI )

Pas si simple de savoir si la planète se réchauffe, ni de croire ce qu’on lit dans les journaux, chaque semaine amène sont lot de contre-vérité, contre-étude que ce soit sur le climat, pour le Thon rouge, et pour le réchauffement… Pour être certains, il faudrait disposer de deux types de données objectives : celles mesurant la variation de la température du globe et celles étudiant son évolution réelle dans le temps. Or, l’humanité ne dispose de véritables archives de la température, autrement de séries continue effectués à l’aide de thermomètres, que depuis 1860. Et ces mesures souffrent de nombreux défauts, surtout avant 1950 : instruments, discontinuités, pratiques d’observations… sans parler des approximations et des erreurs humaines.

De plus, la couverture géographique des mesures s’avère imparfaite : le  réseau d’observations au sol souffre encore d’énormes lacunes au niveau des océans, des déserts et des pôles. Quant aux observations satellitaires, elles ne remontent qu’aux années 1970.

Avec des données aussi imparfaites, établir la courbe des températures de la planète pourrait sembler hors de portée. Pourtant, les scientifiques ont relevé le défi, jusqu’à reconstituer des moyennes fiables ! Leurs atouts ? Le fait que les biais ont mécaniquement tendance à se compenser lorsque les mesures sont nombreuses. Mais surtout, des méthodologies très sophistiquées d’homogénéisation et de correction de données ont été développées. Précisions que ce que les climatologues prennent en compte, en un point donné, n’est pas la température en elle-même, mais l’écart de la température par rapport à une valeur de référence. Une fois ces corrections effectuées, les scientifiques peuvent s’attaquer à l’établissement d’une moyenne globale de la variation de température. En pratique, la planète est découpée en mailles, auxquelles on attribue une variation de température, avant d’en faire la moyenne globale. Une opération délicate, surtout en raison des trous dans des zones où les observations manquent ; par ailleurs, certains biais restent à corriger (ex : zone urbaine plus chaude que les campagnes en fonction de la densité humaine). La façon dont ces ajustements sont opérés génère des écarts entre les estimations des différentes équipes scientifiques ; mais au final, ils dépassent rarement quelques centièmes de degré… et le parallélisme saute aux yeux entre les courbes de la NASA, de la Noaa ou du Hadley center, les trois institutions les plus pointues en la matière. On peut donc considérer que l’évolution de la température est très solidement établie pour le dernier siècle et demi.

 

Réchauffement en deux temps

Cette période s’ouvre par des hauts et des bas sans tendance claire jusqu’à environ 1900. Puis, survient une montée d’environ 0,75° C qui nous amène aujourd’hui au plus haut niveau constaté depuis le début des enregistrements. Un réchauffement qui s’est effectué en deux temps : une ascension modérée entre les années 1910 et 1940, suivie d’une légère baisse, puis d’un accroissement bien plus rapide entre 1950 et aujourd’hui. Certains ont souligné que la courbe des températures semblait grimper moins vite au cours de la dernière décennie. L’avenir dira s’il s’agit d’une nouvelle tendance ou d’un simple soubresaut de la courbe. Pour l’instant, une  chose est sure : cette dernière décennie fut plus chaude que toutes les précédentes depuis que les mesures existent. Et avant ? Pour le savoir, les scientifiques ont recours à des indices indirects, grâce aux outils des paléo climatologues : grains de pollen et fossiles de plancton (qui reflètent le vivant donc le climat)… Beaucoup d’éléments du vivant qui permettent de se faire une idée des températures passées. Les estimations les plus solides portent sur l’hémisphère nord au cours du dernier millénaire. Or, aucune équipe ne trouve de température globale plus chaude que celles des dernières décennies, ni de réchauffement comparable à celui du dernier demi-siècle. Les travaux les plus récents montrent même que la période baptisée optimum médiéval (entre 800 et 1300) était moins chaude que l’actuelle sur l’ensemble de l’hémisphère nord. Au final, la période de 1970-2010 semble donc sans équivalent pour les deux derniers millénaires. » 

 

Publié dans Environnement

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article