Hariri : un assassinat à consonnance politico-économique
La crise politique de lannée 2004 et la démission de Rafic Hariri ont été les premiers révélateurs de linstabilité dun pays sous emprise étrangère. Lassassinat de lancien premier ministre Rafic Hariri constitue la suite logique dune méthode de déstabilisation politico économique. En effet,
Lassassinat de Rafik Hariri sest déroulé en période de tension préélectorale, dans une région où le risque terroriste est élevé. Les attentats de Ryad, de Casablanca et de Madrid sont toujours présent dans notre mémoire et rappellent que la menace islamiste est globale. Rafik Hariri, homme politique et homme daffaire, a été larchitecte dune cohabitation difficile avec Damas et lartisan de la reconstruction économique du Liban. Ce milliardaire philanthrope dynamique, proche des Etats-Unis, ami du roi Fahd d'Arabie saoudite et du président français Jacques Chirac était respecté à la fois par le monde politique, mais aussi par celui de la haute finance.
Il a acquis avec le temps une mainmise presque totale sur la presse libanaise. Cette position ne lui avait pas valu dinimitié particulière. En tant que « businessman », il avait fondé Saudi Oger en 1978, une des plus importantes compagnies arabes de construction. Selon des sources économiques locales, cette structure internationale, basée à Riyad connaissait depuis quelques mois des difficultés financières importantes et le groupe avait des difficultés à honorer les factures. Cette stature économique, ses liens avec lArabie Saoudite, ses rapports avec les Etats-Unis et sa lutte pour lindépendance du Liban, lui ont valu aussi dêtre la cible de lattentat qui a coûté la vie à une dizaine de personnes. Lamitié politico économique quil avait tissé de longue date avec lArabie Saoudite était la raison principale évoquée par les terroristes islamistes.
Cet énième drame humain redéfinira sans doute la scène politique locale et la position du gouvernement en cette période préélectorale. Le balai des démissions a commencé depuis vendredi, avec le ministre libanais du Tourisme Farid Khazen. Il a préféré quitter son poste, expliquant qu'il jugeait que le gouvernement n'était pas capable de diriger le pays en cette période critique. Sommes-nous à laube de nouveaux bouleversements pour une région déjà exsangue, qui ne connaît quune paix molle depuis les accords de Taef signé en 1989 ? Ils avaient mis fin à seize longues années de guerre civile. LONU devra-t-elle intervenir pour maintenir la cohésion et le calme de façade que Rafic Hariri avait tenté dinstaurer depuis 1992.
Marc Princes
Journaliste Free-Lance